L'activisme effréné...


L'organisme qu'est le groupe entretient deux dynamiques :
  • l'une interne entre les membres,
  • et l'autre externe avec le reste du monde.
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Tourné vers le monde

Lorsque le groupe porte un projet qui s'adresse en priorité au "reste du monde", toute l'énergie va alors être tournée vers "le faire".
La culture dominante de ces groupes est l'agir, le résultat visible est concret.
Pourtant aux dires de nombreux militants, beaucoup de ces groupes sont des caricatures des dysfonctionnements de la société qu'ils combattent : autocratisme, simulacre de démocratie, manque d'écoute et de respect.
Or, servir une belle cause n'exempt pas de se regarder fonctionner. Au contraire, si l'on veut pouvoir affronter la redoutable question de la cohérence entre le projet et le vécu des participants, il faut savoir là encore lever le brouillard de l'activisme sans conscience.

Tourné vers ses membres

A l'inverse, les groupes qui place l'être au centre du projet ont parfois plus de mal avec l'action : discussions interminables, sentiment de ne pouvoir agir sans l'aval de tous, évitement des conflits…
Donner une place à la vie intérieure en perdant de vue le sens du projet peut aussi conduire à d'épais brouillards émotionnels

Le militantisme de sacrifice, générateurs de profondes frustrations et porteur de déceptions à la hauteur des idéaux poursuivis ne correspond plus à ce dont nous avons besoin aujourd'hui ;-)

Situation

Bien souvent, les collectifs reposent sur l'énergie et l'engagement d'un tout petit noyau de personnes (dictateur bienveillant). C'est d'autant plus le cas au début du projet.
Souvent ce noyau (cette personne) se plaint de tout faire tout seul...

on doit tout faire

On se retrouve alors avec un petit groupe en plainte de suractivité


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on a pas de place

un grand groupe avec un sentiment diffus que quelque chose ne va pas (mais sans chercher non plus à sortir de ce flottement) :
  • on ne se sent pas écouté
  • on n'a pas de place pour agir
  • on ne sait pas encore très bien comment agir, pas encore trouvé de chemin d'expression
Dans certains cas, comme l'espace d'expression n'existe pas en dehors du petit groupe qui fait tout, des membres quittent le projet.

Parfois (aussi), cette façon de fonctionner convient à tout le monde.
  • Il convient au petit noyau de membres qui dit ne pas vouloir tout faire, mais qui ne met rien en place pour organiser un vrai partage de la vision, des objectifs et des actions. Il peut s'agir ici d'un processus subtil de captation du pouvoir du petit noyau d'activistes avec l'accord tacite du reste du groupe.
  • La situation convient également à l'autre partie du groupe, qui par indétermination ou pour toute autre raison ne parvient pas à exprimer ce qu'elle est venue faire sur ce projet et sur quoi elle peut réellement s'engager.

Lorsqu'une partie du groupe tente de traiter cette question, très souvent à l'initiative du noyau actif, on assiste fréquemment à une mise sous pression, ou bien une tentative de culpabilisation envers les membres qui agissent le moins.

Quelques pistes

Sortir de ce cercle vicieux où les attitudes non dites des uns et des autres entretiennent le problème est en soit un véritable chemin de transformation collective et personnelle.
En effet il est parfois difficile de nommer un besoin de reconnaissance qui s'exprime par un activisme débordant, ou encore un espace d'indétermination personnelle qui lui, s'exprime par de la passivité.
Ce type de situation amène à traiter les questions suivantes si difficiles à aborder dans les groupes :
- quel est mon enjeu personnel dans ce groupe ?
  • que suis je venu chercher ici ?
Si le groupe ne s'est pas doté d'outils pour aborder ces question (cercle de rêve, méthode de partage de la parole, cadre de confiance), le risque de dérapage du projet est important.

Parfois, l'expression permet tout simplement au petit groupe actif de quitter le registre de la plainte, de reconnaître que la situation convient à tout le monde et d'en tirer les conséquences sur la dynamique du projet. Le simple fait de reconnaître cet état de fait peut se révéler libérateur et permettre aux uns et aux autres de sortir des frustrations liées à la situation.