Le nombre de Dunbar

L’anthropologue britannique Robin Dunbar s’est intéressé à la relation entre la taille du néocortex de 38 espèces de singes et la taille des groupes respectifs dans lesquels ils vivaient [1]. De façon étonnante, il a trouvé une corrélation entre ces deux éléments. Il a ensuite extrapolé cette approche à l’être humain pour en déduire que la limite naturelle de la taille du réseau social d’un humain était de 148, nombre qui, généralement arrondit à 150, est appelé le « nombre de Dunbar ». Ce nombre correspond à la taille des villages d’éleveurs-cultivateurs au Néolithique, et se retrouve encore aujourd’hui dans la taille des réseaux sociaux [2]. Ce nombre – que Dunbar considère malgré tout comme assez approximatif – détermine donc le nombre de personnes avec lesquelles nous pouvons facilement socialiser sans avoir besoin d’un outil

L'holoptisme

L’holoptisme, c’est-à-dire la capacité à percevoir l’ensemble des relations dans un groupe et non plus seulement l’ensemble des relations entre nous et chacune des personnes du groupe. Cette capacité se retrouve principalement chez l’humain. Cela est probablement dû à ce que les sciences cognitives appellent “la théorie de l’esprit” : la capacité à reconnaître chez soi, mais aussi chez l’autre, les différents types d’états mentaux . Ainsi si nous avons deux amis en face de nous, nous pouvons comprendre non seulement ce qui se joue entre nous et chacun d’eux, mais aussi ce qui se joue entre eux.

Dunbar + holoptisme : alliance

Si on associe les 150 liaisons stables que nous pouvons appréhender et l’holoptisme, nous arrivons à une nouvelle limite de 12. En prenant chaque liaison entre les personnes du groupe dans un sens et dans l’autre plus la liaison de chacun avec lui-même, on arrive à 12X12=144, un chiffre proche de la limite de Dunbar. Ce type de réseau nous permet de “faire ensemble”, de faire alliance (une alliance contrairement à un troupeau est choisie, c’est le résultat d’une entente ou d’un pacte). La capacité de l’être humain à faire des alliances jusqu’à douze est probablement une des rares particularités de l’humain et un de ses principaux avantages de survie.

Si l’on prend en compte l’holoptisme, nous arrivons donc à des groupes limités à douze (appelons les équipes pour les distinguer de groupes de types différents) : des équipes où nous pouvons comprendre ce qui se passe et agir ensemble. Ce n’est ainsi pas un hasard si la quasi-totalité des équipes dans les sports collectifs est limitée à 12 joueurs ou moins (à l’exception notable du Rugby ou par exemple à XV on trouve 8 rôles différents et où dans le “jeu courant”, on se passe le ballon de l’un à l’autre, on pourrait presque dire “à la chaîne”). Pour travailler ensemble à plus de douze, nous avons besoin de hiérarchie, de représentants ou de chaîne.