Arpentage

@source : la trouvaille / rennes et scopelepave
L’arpentage est une méthode de découverte à plusieurs d’un ouvrage, en vue de son appropriation critique, pour nourrir l’articulation entre pratique et théorie.

Objectifs :

  • désacraliser l’objet « livre », populariser la lecture
  • expérimenter un travail coopératif et critique
  • créer une culture commune autour d’un sujet, d’un savoir théorique
  • comprendre qu’aucun savoir n’est neutre, que tout point de vue est situé

Origine :

Méthode de lecture collective issue de la culture ouvrière (cercle ouvrier) puis réutilisée par les praticiens de l’entrainement mental pendant la seconde guerre mondiale par des résistants (autour de Dumazedier), diffusée plus largement par Peuple et Culture, mouvement d’éducation populaire, à partir des années 1950. Plus récemment, Jean Claude LUCIEN (Peuple et Culture Normandie) a continué l’élaboration de cette méthode. Christophe CHIGOT (Crefad-Lyon) et Anthony DUROY (Agora Peuple et Culture) l’ont reprise sous une forme et un fond légèrement différent.

Préparation

  • choisir le livre à arpenter et en récupérer un exemplaire qui ne pourra être rendu...

Animation

  • Le groupe va d’abord échanger sur ce que chacun devine du contenu du livre, par ses propres savoirs ou par l’objet-livre en lui-même (l’épaisseur, l’éditeur, l’impression, les polices, la couverture, l’auteur, le thème...). Les ressentis sont les bienvenus : « c’est gros, ça doit être chiant ».
  • Puis vient le moment difficile pour certains où le livre va être déchiré en autant de morceaux qu’il y a de participants.
  • Chacun va alors prendre le temps de lire son morceau de livre puis de répondre à quelques consignes définies à l’avance du type : quelles sont tes impressions de lecture ? Quelles questions tu te poses après cette lecture ? Qu’est-ce qui t’a marqué ?
  • Vient alors le temps des retrouvailles en groupe où chacun va pouvoir livrer ses réponses. Il y a alors évidemment de nombreuses variantes pour se raconter tout ça.
    • Variantes : il peut y avoir, ou non, une prise de notes de cette discussion, pour faire une fiche de lecture (subjective) de ce livre. Les réponses individuelles peuvent être écrites sur des post-it qui seront ensuite affichées sur des panneaux au fur et à mesure des prises de paroles. Les prises de parole peuvent être chronologiques ou bien aléatoires.
    • Ndlr : Cette méthode vise à émanciper d’un rapport au savoir douloureux pour bon nombre d’entre nous et bien évidemment renvoyant aux usages proposés par l’école de la lecture. Dans tous les cas, il faudra donc déculpabiliser les participants par rapport à ce vécu, et donc ne pas du tout proposer de faire un résumé des idées contenues dans son morceau de livre ou de devoir dire des choses intelligentes par la suite. Et, étrangement, en ne partageant que des ressentis sur des morceaux du même livre, une alchimie s’opère et chacun a le sentiment de s’être mieux approprié le contenu de ce livre que s’il l’avait lu in extenso lui-même. Sans doute, car cette méthode permet une prise de recul sur les contenus et facilite une critique dure à formuler soi-même car nous sommes d’habitude seuls face un écrit construit.

Exploitation ou prolongement de l’arpentage

Proposition d’écriture seul ou à plusieurs d’un texte d’exploitation de l’ouvrage à partir de quatre questions :
  • « ce qui fait écho à ma pratique et à mon savoir antérieur à cette lecture » ?
  • « ce avec quoi je suis en accord ou en désaccord » avec le propos de l’ouvrage
  • « ce que j’aimerais dire à l’auteur/aux auteurs ».
  • « choisissez un mot, une notion, un concept, que vous souhaitez définir (en version académique et en version explication grand public) et/ou un couple de mots qui vous fait penser»