Les attitudes collaboratives pivots

Récapitulatif des 11 compétences collaboratives dont trois compétences pivots

Antécédents / attitudes

  • Avoir l'esprit collaboratif
    • à priori positif vis à vis de la collaboration
    • fonctionner en mode de réciprocité
    • conscience de l'interdépendance vis à vis des autres, des choses
  • Avoir de l'humilité et un égo mesuré
  • Etre bienveillant

Evaluer / démarrer

  • Savoir engager des partenaires
  • Co-concevoir la structure du projet / renforcerait l’engagement et la motivation mutuelle

Animer

  • Animer le groupe pour faciliter le travail
  • Être à l'écoute des personnes et des avis

Mettre en oeuvre

  • Développer et maintenir un réseau d'acteur, la dynamique
  • Gérer les informations
    • partager
    • rendre visible

Résultat

  • Avoir un soucis du bien commun / indiquerait la maturité du groupe à coopérer/collaborer, et consoliderait l’engagement à long terme.
  • Agir pour atteindre les objectifs communs

Des compétences à traduire en attitudes

individuelles

une maîtrise (on a fait les jours précédents) de ses besoins de reconnaissance et de ses peurs

Les risques
  • tirer la couverture à soi
  • caractère autoritaire
  • vouloir imposer
  • penser intérêt individuel
  • se rendre indispensable
  • absence de confiance
  • esprit de compétition
  • ne pas s'écouter
  • pas de droit à l'erreur
  • écouter sans entendre
Des pistes
  • passer d'une logique d'intention à une posture d'attention
  • entre partage sincère et écoute apprenante
  • être dictateur bienveillant sans être créateur fossoyeur
  • clarifier son rapport au pouvoir
  • aller vers un ego mesuré et travaillé
  • être directif ET bienveillant
  • ne pas faire de ce qui se passe une affaire personnelle
  • croire un peu en l'Homme : L'humain est éducable :-)
  • cultiver ses lieux d'optimisme (et savoir le rester) => le recueil de citations qui font du bien :-)

interpersonnelles

Un regard positif et bienveillant sur ce que l’autre peut apporter

Être capable d’écouter
Être capable d’attention plutôt que d’intention afin de se laisser envahir par les propositions des autres, par d’autres points de vue qui nous feront sortir de l’aveuglement étriqué de nos certitudes, donc apprendre à se taire, apprendre à travailler, organiser, reformuler les idées de celui qui nous est étranger.
Accepter que son regard constitue une part aussi pertinente que la nôtre d’un tout que nous ne pouvons voir seul.
Apprendre à cartographier simplement les idées qui nous entourent.
Être capable de faire des propositions ambiguës
Si coopérer c’est oeuvrer collectivement pour parvenir à des fins communes ou acceptables par tous, il faut se garder de faire des propositions tellement bien ficelées qu’elles vont instantanément enfermer vos complices dans le sentiment que l’on tient LA bonne solution. Il est fréquent de voir le premier beau parleur proposer un cadre organisationnel qui servira ensuite de réceptacle aux idées suivantes de ses collègues. Travailler des propositions sujettes à interprétations, pas forcément totalement formulées, permettra de laisser de la place aux idées des autres, à proposer de multiples organisations, à jouer avec les idées avant de choisir, ensemble.
Être capable de vivre avec une organisation bancale
L’organisation d’un groupe, d’un chantier n’est qu’un outil au service d’un projet. Si celui-ci est coopératif, il sera co-élaboré et donc ne pourra, dès le début, être parfaitement organisé. La part de bazar est donc normale… Pour aller plus loin, on peut estimer, en regardant le fonctionnement des systèmes vivants, qu’une part de bazar est même nécessaire à la vie du système. ⅔ de bazar pour ⅓ d’ordre semble être le ratio pertinent au sein des systèmes coopératifs. Mettre trop d’ordre risque de faire un joli système… mais mort, ou encore pire, un système au sein duquel les humains sont quasi morts.
C’est peut-être sur ce dernier point que nous avons à faire le plus gros effort de renoncement.

Les compétences de l'animateur

Onze compétences charnières

Le terme de « compétences charnières » désigne des compétences sans lesquelles, la coopération serait difficile à mettre en œuvre.

Dans la catégorie « antécédents pour coopérer »

  • « l’état d’esprit collaboratif » est une attitude reconnaissable par trois indicateurs :
    • un a priori positif pour des activités effectuées en commun ;
    • l’intégration d’un mécanisme d’échanges réciproques et
    • une conscience d’un soi interdépendant des autres ;
  • « l’humilité et un égo mesuré » découle de la conscience d’interdépendance avec autrui ; elle consiste à adopter une attitude de « contenance de soi »; mais c’est également une capacité à questionner ses certitudes sans pour autant remettre en question sa personne ;
  • « être bienveillant » correspond à une attitude empathique ; celle-ci se manifeste par la communication non agressive et dans des micro-gestes (sourire, regard…).

Dans la catégorie processus (évaluer / démarrer / animer / mettre en œuvre)

  • « savoir engager des partenaires » selon l’origine du projet, les pratiques en liens oscillent entre co-construction et incitation à participer ;
  • « co-concevoir la structure du projet » intervient au démarrage de la collaboration. La co-conception est un processus séquencé d’attention, d’échanges constructifs, d’ajustement des points de vue et de formalisation d’un projet.
  • « animer le groupe pour faciliter le travail » implique une posture d’attention et de lâcher prise ; l’animation s’appuie, en présentiel, sur les techniques d’émergence de « l’intelligence collective » et à distance, sur la communication et la mise en commun des informations ;
  • « être à l’écoute des personnes et des avis » se déploie sur un axe qui démarre dans l’attention portée aux personnes et se transforme progressivement en attention portée au projet ;
  • « développer et maintenir un réseau d’acteurs » passe par des compétences de communication en échanges directs et en communication écrite, et englobe la mise en visibilité du projet à l’intérieur du collectif (qui travaille en commun) ainsi qu’à l’extérieur, ce qui implique la connaissance des outils de communication via le web ;
  • « gérer les informations » consiste à savoir choisir les informations nécessaires à la construction collective et à les partager avec le groupe.

Dans la catégorie « résultat »

  • « avoir le souci du bien commun » est lié au résultat de la collaboration. Elle relève d’un idéal du « vivre ensemble en société ». Sa mise en pratique passe par la gestion des contenus réalisés collectivement et mis en partage.
  • « agir pour atteindre les objectifs communs » est un gage d’efficacité de la collaboration.

Trois compétences pivots

Dans la liste de ces 11 compétences charnières, trois d’entre elles sont appelé « compétence pivots », car sans elles, il semble que tout processus coopératif soi "très difficile" à mettre en oeuvre.

La première : « avoir un état d’esprit collaboratif » est une condition sine qua non de la coopération ». Si les personnes ne disposent pas d’une telle attitude, elle auront tendance à privilégier les relations compétitives et donc à freiner la collaboration, voire la rendre impossible.

La deuxième compétence pivot « co-concevoir la structure du projet » lorsqu’elle se manifeste, renforce l’engagement des personnes dans le projet collaboratif et leur motivation à travailler ensemble. A l’inverse, dans un projet collaboratif pensé par une personne seule, son énergie passerait à « pousser » d’autres à y entrer, à mobiliser. Et souvent, son projet dit « collaboratif » s’arrête à cette étape.

La troisième compétence pivot « avoir le souci du bien commun » est liée au résultat de la collaboration. Elle indique la maturité du groupe et consolide l’engagement à long terme. Elle rejoint l’importance croissante prise par les communs dans de nombreux projets.

Ces compétences pivots nécessitent un travail sur soi

Avoir un "à priori positif" sur la coopération, accepter d'être modifié par les autres et être conscient de l'interdépendance des choses impliquent souvent d'avoir réfléchi sur ce que ça implique dans "ma vie", "ma façon de gérer les projets", et donc notamment :
  • les valeurs qui me portent, ma raison d'être là, ce que je viens y chercher,
  • les peurs qui me freinent, les limites que je ne veux pas dépasser,
  • les forces sur lesquelles je peux m'appuyer

Sources :