Les quatre tensions qui traversent la vie d'un collectif


Il existe 4 grandes tensions (entre deux affirmations) qui pèsent dans les choix collectifs. En tant qu'animateur, en être conscient sera nécessaire pour permettre au groupe d’avancer, et de les dépasser chacune en ne donnant l’exclusivité à aucune des deux affirmations mais plutôt en cherchant à trouver collectivement un équilibre entre elles.

1er équilibre : priorité à l’humain ou priorité à la cause.

Le militantisme dans notre culture est caractérisé par un sens du sacrifice que l’on retrouve dans de nombreuses traditions (judéo-chrétienne, marxiste…). Si la défense d’une cause est tout à fait louable, elle a parfois conduit à oublier d’autres aspects plus tournés vers l’humain : la bienveillance y compris par rapport aux contradicteurs, l’acceptation d’une part d’imperfection, etc. Cette difficulté a conduit de nombreux groupes pourtant portés par de belles intentions, au dogmatisme, l’intolérance et parfois même jusqu’à la destruction du collectif.
=> Quel équilibre allons nous construire ensemble entre “notre part du colibri” au service d’une cause et la prise en compte bienveillante des imperfections humaines ?

2ème équilibre : ce qu’on dit ou ce qu’on fait.

Normalement tout le monde devrait être “cohérent” : “faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait”. C’est effectivement une direction à suivre au mieux, mais cette affirmation ne prend pas en compte un point crucial : nous ne sommes pas parfait ! La difficulté est amplifiée par une autre limitation de l’être humain : chacun voit mieux les incohérences de l’autre que les siennes. Au contraire même, il va chercher à se justifier en allant jusqu’au ridicule s’il le faut pour démontrer que tout sa démarche est cohérente. Ce problème est bien connu en psychologie sous le nom de “biais de confirmation”. Nous devons tendre vers le maximum de cohérence possible en toute bonne volonté. Mais nous devons également reconnaître que nous-mêmes, tout comme nos interlocuteurs sommes des humains et et donc avec une cohérence imparfaite !
=> Quel équilibre allons nous trouver entre la recherche de cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait et l’acceptation que ni nous ni les autres n’y arrivons parfaitement ?

3ème équilibre : identité et évolution.

L’ensemble de l’Univers est à la recherche d’un équilibre entre évoluer pour s’adapter et conserver son équilibre. C’est vrai aussi bien pour les étoiles, les êtres vivants… ou les groupes. La cellule, qui est généralement considérée comme le plus simple des être vivants, dispose d’une membrane perméable. Le fondement même de la cellule est même de “séparer les eaux” : la mise en place d’une membrane distingue l’extérieur et l’intérieur. Cela permet de maintenir au sein de la cellule plusieurs paramètres autour d’un équilibre bénéfique pour l’ensemble du système. Ce phénomène s’appelle l’homéostasie. Mais la membrane doit être perméable car sans entrées et sorties la cellule ne peut s’adapter et ainsi survivre.
=> Quel équilibre allons nous construire ensemble entre préservation d’une part suffisante d’identité et ouverture à l’évolution et à l’adaptation ?

4ème équilibre : objectifs ou limites.

Il y a deux approches pour réguler le fonctionnement d’un groupe. La première consiste à fixer des règles à respecter (charte, “règlement intérieur”, etc.) et la deuxième à fixer une direction vers ce que l’on souhaite. On retrouve cette différence par exemple dans les approches sur éthiques. (comme cela est présenté dans l’encadré qui suit). Mais à y regarder de plus près, chacune des deux approches a ses limites : tout baser sur des règles risque de brider l’évolution qui consiste justement souvent à “dépasser certaines règles”. De l’autre coté, donner simplement des objectifs est bien illustré par la maxime “la fin justifie les moyens”. Mais cela est-il vrai à n’importe quel prix ? Un groupe devrait se fixer uniquement quelques règles comme des limites infranchissables à ne pas dépasser et quelques pistes d’objectifs comme une direction souhaitable afin de laisser entre les deux le maximum d’espace libre pour permettre au groupe d’évoluer pour s’adapter à l’imprévisible.
=> Quel équilibre allons nous construire ensemble entre les orientations désirables, les limites à ne pas dépasser et l’espace libre pour permettre au groupe de s’inventer ?