De l'euphorie du départ au soufflé qui retombe


Qui n'a pas connu ces moments d'euphorie lorsque, autour d'une table entre amis, on décide de lancer un projet pour refaire le monde.
Rapidement, si la motivation se maintient, le projet va naître puis attirer des personnes et un groupe va se constituer plein d'enthousiasme.

Passer les étapes de la rencontre et des premières actions, le groupe euphorique au départ passe immanquablement, tôt ou tard, graduellement ou brutalement, une traversée du désert où l'idéal qui a servi de moteur initial semble passer au second plan.
À ce stade, seuls les problèmes prennent tout l'espace mental et émotionnel, l'énergie du groupe tombe et l'espoir de réaliser le projet s'amenuise.
Le groupe est dans une phase de forte instabilité et ce cycle, qui alterne espoir et soufflé qui retombe, peut se reproduire plusieurs fois.
Le groupe perd alors confiance et vit comme insupportable le décalage entre la promesse du départ et la réalité vécue.

La bonne nouvelle et qu'il s'agit d'une des étapes quasi indispensables de montée en maturité et en compétence d'un groupe sur un projet.
On peut même aller jusqu'à dire qu'un projet qui n'est pas passé par ce type de dépression a peu de chances de se déployer. En effet il s'agit du moment de la confrontation de l'idée au réel :
  • soit les compétences nécessaires à la survie se forgent
  • soit le projet disparaît ou se redéfinit.
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Quelques pistes

Un des premiers apprentissages pour le groupe qui vit ce passage consiste donc
  • à savoir reconnaître ce moment particulier,
  • à accepter cette étape
  • et à apprendre à caractériser la situation (questions simples mais souvent difficiles à poser)
    • dans quels états sommes-nous ?
    • quels sont les. indicateurs qui nous permettent de dire qu'il y a un souci ?
    • quels sont nos différents ressentis sur la situation ?
  • ensuite, en général la situation s'adoucit et peut repartir

Pourtant ce travail semble beaucoup plus simple à dire qu'à faire
  • le travail d'introspection est souvent perçu comme inutile, du temps "perdu" (surtout pour les personnes qui sont orientées "action")
  • simplement nommer le ressenti, ce qui se passe sans apporter de réponse ou de jugement est compliqué pour beaucoup d'entre-nous
En tant qu'animateur de collectif, être un peu formé, sensibilisé à la communication non violente, à la reformulation peut aider.
  • souvent les processus d'introspection, quand ils sont mal animés font plus de mal que de bien
  • souvent le fait de parler ce qui ne va pas met mal à l'aise certaines personnes (pour qui ça inhibe l'action)
    • on peut renverser la phrase : une réussite est la preuve que les scenarios d'échecs potentiels rendus visibles n'ont pas pu prospérer.