Le temps dans le collectif

Le rapport au temps : on en crève !!!
On fait quoi avec ça quand on est animateur de projet et qu'on va demander du temps aux autres ?

Sur la posture de l'animateur

La posture de l''animateur de projet collectif influence le reste du collectif. Son rapport au temps percole donc dans le collectif et ses membres.

Mais pourquoi travailler son rapport au temps ?

sans temps pour soi, l'humain vit frustré
  • quand l'humain perçoit qu'il ne maîtrise pas le temps, qu'il le subit, il tombe malade.
  • choisir sa posture (choisir d'être heureux, bien plutôt que mieux, vivre aujourd'hui plutôt que demain...)
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sans temps de relations, il n'y a plus d'humanité
ceci a bien été documenté dans un ouvrage "Manifeste pour le bonheur" de Stefano Bartolini

Pourquoi les sociétés avancées souffrent-elles d'une pénurie de temps au beau milieu d'une abondance de biens ?

Au cours des 50 dernières années, l'accès aux biens de consommation s'est considérablement amélioré, mais les occidentaux ne paraissent pas plus heureux pour autant.
C'est le paradoxe du bonheur.
La thèse défendue dans "le Manifeste pour le bonheur" est que les effets positifs sur le bien-être, fruits de l'amélioration des conditions économiques, ont été annulés par les effets négatifs d'une dégradation des relations humaines. La régression du bonheur est largement corrélée à la pauvreté relationnelle.

4 forces agissent sur le bonheur en des directions opposées.

Force positive
  • L'augmentation du revenu par habitant
Forces négatives
  • Diminution des biens relationnels (ou capital social : toute forme de lien non économique entre les individus d'une part et entre les individus et les institutions d'autre part)
  • Diminution de la confiance dans les institutions (gouvernement, banques, syndicats, presse...)
  • Rivalité ostentatoire accrue : comparaison sociale permanente avec les autres et singulièrement les plus riches que soi
Le résultat de ces forces aboutit à une diminution constante du bonheur chez les gens.
Plus le revenu augmente plus les forces négatives augmentent et annulent le bienfait de meilleures conditions économiques sur le bonheur ressenti

Cet effet a été appelée la "croissance endogène négative"
Il est fondée sur 3 hypothèses :
  1. il y a des biens libres ou gratuits, que l'on ne peut acheter mais qui sont indispensables au bien-être (amitiés, relations humaines, espaces verts, eau, air pur...)
  2. l'économie possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres (piscine plutot que rivière propre, internet plutôt que rencontres humaines, une caméra plutôt que la confiance...)
  3. la croissance économique réduit l'accès à ces biens libres en les détruisant (ou en interdisant leur accès)

Un cercle vicieux

La transformation des biens communs libres en substituts coûteux et privés influent négativement sur notre bonheur.
=> Pour nous défendre contre cette dégradation environnementale et sociale, nous devons (sommes incités par la publicité à) acheter la compensation.
Naturellement, pour financer ces dépenses "défensives", nous devons travailler plus. En d'autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l'augmentation du PIB.
=> Par conséquent, la dégradation contribue à la croissance !!
La croissance quant à elle dégrade
  • l'environnement
    • c'est assez évident pour les biens communs, air et eau propre, biodiversité, nature accessible... ce qui en rebond les rend moins accessible pour tous et donc favorise leurs alternatives payantes et privées
  • et les relations humaines
    • moins évident au premier regard : la création d'un cadre consumériste où tout besoin se solde par un achat place les personnes dans un système de valeurs
      • qui favorise l'avoir plutôt que l'être, la comparaison plutôt que le partage, la compétition plutôt que la coopération, l'argent plutôt que le "don"...
      • qui insécurise, fait craindre une accaparation des ressources par "l'autre"
      • qui crée frustration, perte du sentiment d'autonomie et désengage les gens de leurs motivations intrinsèques
=> Les relations humaines étant moindres et l'environnement global stressant, notre bonheur ressenti chute et nous invite à "consommer" pour compenser...
LA BOUCLE EST FERMEE ;-(

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"Je suis publicitaire. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas"
Frédéric Beigbeder
sans temps, l'humain ne peut penser et travailler
  • des méthodes, (mes gros cailloux, savoir dire non, gtd, pomodoro, matrice d’Eisenhower, matrice impact / effort...)
  • des outils (listes intelligentes, veille partagée, délesteurs...) pour pouvoir organiser l'usage de mon temps.
Le « présentisme » (réduction du temps au seul présent, tyrannie de l’éphémère) et l’obsolescence rapide des informations, des produits, des technologies, des politiques, des modes, des personnes rend difficile la projection dans le futur. Cette façon de nier le futur se traduirait par l’impuissance à élaborer ensemble une vision de l’avenir mobilisatrice à long terme. En acceptant qu'une fin est possible (celle du projet ou celle du rôle d'animateur), l'animateur offre une vision au collectif.
Et vous vous avez déjà imaginer votre fin ? ce serait quoi votre discours de mort / votre épitaphe
un peu plus de comme avant ?
ou on sacralise le temps gagné pour redevenir humain...

Sur le rapport au temps que j'implique pour les autres

La gestion du temps est donc tout autant une affaire individuelle que collective qui nécessite de prendre le temps de repenser notre rapport au temps et de prendre conscience de nos limites individuelles, collectives et planétaires.

Faire (ou participer à) un projet collectif demande du temps...
Chacun doit trouver de l'avantage à "investir" son temps ici.
L'animateur doit travailler avec le collectif afin que chaque membre trouve un intérêt personnel ou professionnel à être là

Comment faire ?

En questionnant : "je pourrais consacrer du temps à ce projet..."
  • S'il m'apporte personnellement...
    • Du côté personnel, les gens aiment apprendre, jouer... Il faut veiller à apporter du contenu et de la méthode.
  • S'il m'apporte professionnellement...
    • Souvent quand on explore ce point en prenant le temps, on s'aperçoit que de petites ré orientations du projet permettent d'y trouver les éléments pragmatiques qui permettront de justifier vis à vis de mon employeur : je prends du temps pour ce groupe mais vous voyez j'en reviens avec de nouvelles méthodes et outils dont j'ai besoin... je vais dans ce groupe qui a accepté de rapidement travailler sur ce sujet car c'est pour moi un sujet chaud du moment donc j'y gagne aussi.
    • repérer, discuter les trucs (même éloignés de l'objet du groupe) qui, s'ils étaient partagés me permettraient de revenir au travail plus "malin"

Enfin, ne pas négliger la dimension plaisir. Quand je vais dans ce collectif, je sais que ça va bosser mais aussi et surtout qu'on va se régaler, je vais en ressortir ressourcé TOTALEMENT, autant sur le fond que sur la forme. je serais évidemment prêt à privilégier du temps pour ce contexte plutôt qu'à un autre efficace mais chiant.
Travailler un peu cette question permet à l'animateur de rester en attention par rapport au collectif plutôt que de piloter en intention.

Attention à l'animateur militant

On est tous militant (10 à 15% de notre temps). Dans ces projets là, le temps ne compte "plus" mais ce n'est pas nécessairement le cas des autres membres qui sont là par intérêt mais pas par militance (et donc pas prêt à tout sacrifier)
Quand cette posture n'est pas travaillée, le collectif explose sous la cadence imposée par l'animateur militant ,-(