Coopérer / Collaborer

Instructions : parcourez cette page et écoutez le podcast pour comprendre la nuance apportée par Eloi Laurent, philosophe sur ces deux notions. Prenez un temps pour voir en quoi cette nuance vous parle (ou pas), en quoi elle peut nourrir votre posture d'animateur, le choix de vos outils...
Durée 45 à 60 min selon votre temps de réflexion

Ces deux notions, très à la mode, sont presque devenues des injonctions dès que l'on parle de projet collectif. Souvent peu comprises, elles sont utilisées l'une pour l'autre. Voici quelques clarifications.
Rappelons toutefois qu'au delà des mots, ce qui compte surtout c'est de mettre en oeuvre les postures et les techniques qui permettent aux gens de faire ensemble dans la joie et l'efficacité !

Que dit le dictionnaire (Larousse) ?

Coopérer
Prendre part, concourir à une œuvre commune ; contribuer, participer, collaborer
Collaborer
Travailler de concert avec quelqu'un d'autre, l'aider dans ses fonctions ; participer avec un ou plusieurs autres à une œuvre commune

et avec l'aide de la philosophie ?

Eloi Laurent dans son livre "L'impasse collaborative" nous aide à y voir plus clair.
il résume la chose de cette façon : "On collabore pour faire, on coopère pour savoir"

Coopérer
Coopérer, c'est oeuvrer librement de concert, y compris - et c'est le point fondamental - dans un but autre que la survie, la reproduction ou le travail.
Pour E. Laurent, la coopération permet avant tout aux humains d'améliorer leur connaissance d'eux-mêmes, des autres et du monde. La coopération humaine est sans équivalent dans le monde du vivant car elle est une quête de connaissance partagée plus qu'une simple collaboration limitée à l'accomplissement d'une tâche en commun. Loin d'être un outil au service de l'utilité et de l'efficacité, la coopération prend donc la forme d'une intelligence collective à but illimité.
Parce que coopérer, c'est apprendre à connaître ensemble, la coopération transforme les humains en pédagogues les uns pour les autres.
Collaborer
Pour E. Laurent, on pourrait penser que coopérer et collaborer son deux synonymes (comme le laisse penser d'ailleurs le dictionnaire). Il n'en est rien. et pour au moins 3 raisons :
  • la collaboration s'exerce au moyen du seul travail, tandis que la coopération sollicite l'ensemble des capacités et finalités humaines.
  • la collaboration est à durée limitée, tandis que la coopération n'a pas d'horizon fini
  • la collaboration est une association à objet déterminé, tandis que la coopération est un processus libre de découverte mutuelle.

Selon lui, le problème général est que la coopération est dévorée par la collaboration.
Education, recherche, monde du travail, politique : tous ces domaines illustrent bien la crise de la coopération que nous vivons sous les apparences d'une société de plus en plus collaborative. Cette crise se cristallise sous trois formes :
  • la montée en puissance de la solitude
  • l'avènement de passagers clandestins qui maximisent leurs profits et socialisent leurs pertes (en raisonnant avec les biens communs comme avec des objets de consommation)
  • la guerre du temps qui inaugure une crise des horizons collectifs du fait d'une transition numérique hypertrophiée et d'une transition écologique atrophiée.
Notons par ailleurs que l'industrie collaborative qui s'érige partout comme standard se révèle souvent bien peu coopérative quand il s'agit de payer les impôts ou d'assumer les coûts environnementaux.

L'impasse collaborative d'Eloi Laurent

Avec l'essai L'Impasse collaborative (Les liens qui libèrent, 2018), Eloi Laurent réfléchit sur les valeurs d’échanges, de partage, de solidarité dans la crise actuelle, pour amorcer une transition sociale et écologique. Bonne écoute !



Bon en attendant, on fait quoi ?
Rappelons toutefois qu'au delà des mots, ce qui compte surtout c'est de mettre en oeuvre les postures et les techniques qui permettent aux gens de faire ensemble dans la joie et l'efficacité !

Pour aller plus loin

Ne fait pas partie de la séquence pomodoro ;-)