La captologie

Les outils numériques et le web sont devenus une zone de combat dont nous sommes le troffée. Enfin pas nous mais notre attention !
Et ils sont prêts à tout pour l'acquérir quitte à "tuer" le support de cette attention (ça c'est nous ;-(
Instruction Ecoutez ce podcast de présentation d'un ouvrage interpellant "La civilisation du poisson rouge" et parcourez les notes ci-dessous (si vous ne connaissez par le blog Mais où va le web... vous risquez d'adorer !).



La captologie

La captologie est une « science » qui utilise les dispositifs numériques pour nous influencer, on parle de « persuasive technologies ». Le terme est créé en 1996 par le chercheur B.J. Fogg de l’université de Stanford. Celui-ci a publié en 2003 Persuasive Technology: Using Computers to Change What We Think and Do.

La captologie nous rappelle qu’un objet technique est rarement neutre, c’est-à-dire qu’il ne se limite pas à quelque chose qu’on utilise « en bien ou en mal » ou encore « si on le souhaite ». En effet, les objets incorporent les intentions de leurs créateurs, ils activent des potentiels. Expliquons-nous : s’il est de notoriété publique qu’un fauteuil sert à s’asseoir et qu’une poignée a pour fonction d’ouvrir une porte, on peut aussi affirmer qu’un fauteuil donne envie de s’asseoir et qu’une poignée suggère d’ouvrir une porte. Autrement dit, les objets nous poussent à agir. En psychologie cognitive, on appelle ce principe « affordance ».

La captologie, en quelque sorte, se fonde sur ce principe pour créer des mécanismes capables d’orienter les actes d’un individu via des interfaces numériques (par exemple : les applications dans nos smartphones). Le but n’échappe à personne : maximiser le temps passé sur un service rendu addictif (par exemple, Facebook, Instagram) afin de récolter un maximum de données pour connaître l’utilisateur, cibler et personnaliser sa publicité, diriger son attention vers un point particulier.

Les 5 principaux biais cognitifs exploités par les plateformes

Des notifications qui prennent en otage notre cortex sensoriel et notre lobe pariétal

  • ces centaines de notifications quotidiennes, qui mobilisent aussi bien notre ouïe, que notre vue et notre toucher ont pour notre cortex sensoriel et notre lobe pariétal un effet redoutable => super bien cablé dans notre reptilien... on peut pas "faire face"
  • parfois au détriment de vraies alertes biens réelles (voitures sur la route)

Des gratifications immédiates incessantes qui flattent notre système limbique (aire tegmentale ventrale et noyau accumbens)

  • bombarder en permanence de petites gratifications, dont notre cerveau, dont partie des circuits neuronaux de la récompense, raffole.
  • les gratifications sont d’autant plus efficaces et appréciées par le cerveau humain qu’elles sont immédiates (plutôt que différées) et aléatoires (plutôt que prévisibles), parfois plus appréciées que manger ou le sexe !

Des contenus sans fin étudiés pour duper notre cortex visuel (scroll infini)

  • engager notre cerveau dans une continuité narrative ou émotionnelle, par un phénomène d’immersion, atténuant ainsi au maximum les temps de reprise de contact avec le monde extérieur à l’écran.

Des interactions sociales qui excitent notre précuneus central

  • l’homme est un « animal social » : le besoin vital de nouer des liens sociaux et d’exprimer sa sociabilité, un « avantage adaptatif très important pour la survie de l’espèce humaine »

Des « informations à ne pas manquer » qui affolent notre amygdale

  • Les plateformes jouent sur notre aversion de la perte et le fameux « FOMO » ou Fear Of Missing Out, cette angoisse d’être passé à côté d’un moment capital ou d’une information importante (story qui dure pas... )

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Une piste pour plus d'éthique : le design éthique

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Un youtubeur en mode réfléxif



Un article sympa dans un blog super !