La posture de l'animateur

L'animateur.trice est souvent une personnalité "rare", très présente qui peut rendre le projet totalement "dépendant" d'elle et passer inconsciemment du rôle de créateur.trice à celui de fossoyeur.se...

Etre animateur.trice de projet collectif c'est d'abord faire un travail introspectif ;-)

image Pierreskern.png (0.7MB)
Elzbieta Sanojca, chercheuse a fait une thèse sur l'animation de projets collectifs et elle en a déduit quelques compétences qui semblent nécessaires (à des degrés divers : d'indispensable à souhaité) pour des projets collectifs vivants et pérennes.

Dans la catégorie "posture"

  • l’état d’esprit collaboratif est une attitude reconnaissable par trois indicateurs :
    • un a priori positif pour des activités effectuées en commun ;
    • l’intégration d’un mécanisme d’échanges réciproques (accepter d'être changé par l'autre);
    • une conscience d’un soi interdépendant des autres.
  • « l’humilité et un égo mesuré » elle consiste à adopter une attitude de « contenance de soi »; mais c’est également une capacité à questionner ses certitudes sans pour autant remettre en question sa personne ;
  • « être bienveillant » correspond à une attitude empathique ; celle-ci se manifeste par la communication non agressive et dans des micro-gestes (sourire, regard…).

Dans la catégorie "capacité à..."

  • « savoir engager des partenaires » être capable de "créer l'ambiance" ;
  • co-concevoir la structure du projet dès le démarrage si possible. La co-conception est un processus séquencé d’attention, d’échanges constructifs, d’ajustement des points de vue et de formalisation d’un projet.
  • « animer le groupe pour faciliter le travail » implique une posture d’attention et de lâcher prise ; l’animation s’appuie, en présentiel, sur les techniques d’émergence de « l’intelligence collective » et à distance, sur la communication et la mise en commun des informations ;
  • « être à l’écoute des personnes et des avis » se déploie sur un axe qui démarre dans l’attention portée aux personnes et se transforme progressivement en attention portée au projet ;
  • « développer et maintenir un réseau d’acteurs » passe par des compétences de communication en échanges directs et en communication écrite, et englobe la mise en visibilité du projet à l’intérieur du collectif (qui travaille en commun) ainsi qu’à l’extérieur, ce qui implique la connaissance des outils de communication via le web ;
  • « gérer les informations » consiste à savoir choisir les informations nécessaires à la construction collective et à les partager avec le groupe.

Dans la catégorie «souci de...»

  • avoir le souci du bien commun est lié au résultat de la collaboration. Elle relève d’un idéal du « vivre ensemble en société ». Sa mise en pratique passe par la gestion des contenus réalisés collectivement et mis en partage.
  • « agir pour atteindre les objectifs communs » est un gage d’efficacité de la collaboration.

Certaines de ces compétences nécessitent un (vrai) travail sur soi

Avoir un "à priori positif" sur la coopération, accepter d'être modifié par les autres et être conscient de l'interdépendance des choses impliquent souvent d'avoir réfléchi sur ce que ça implique dans "ma vie", "ma façon de gérer les projets", et donc notamment :
  • les valeurs (l'énergie) qui me portent,
  • mais aussi clarifier ce que je viens y chercher, ma raison d'être là, mes intentions (vraiment),
  • les peurs qui me freinent, les limites que je ne veux pas dépasser,
  • les forces sur lesquelles je peux m'appuyer

Sources :