L'animation : quelques aspects



Animer c'est oser prendre des risques, c'est accepter de se mettre au service du collectif.
Animer c'est aussi un moyen de développer ses capacités, de transformer progressivement le trac en plaisir,
de recevoir de la gratitude...

Animer c'est un métier que l'on peut apprendre et partager pour créer dans nos projets perso ou pros des conditions d'action plus satisfaisantes.

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Sans humain : pas d'animation

Une intolérance croissante se développe à l'égard des réunions longues, qui privent chacun d'un temps devenu précieux et qui n'aboutissent à aucun résultat.
Plus les moments de partage collectif sont rares, plus les personnes s'attendent à ce qu'elles produisent des "résultats" (y compris en terme de relations humaines).
Le rôle d'animateur est de ce fait amené incontestablement à se développer.
Et il est bon de le rappeler, c'est un humain qui anime ;-)

Accepter l'imperfection

L'animation est un métier mais qui n'est pas réservé qu'aux pros !
Il y a un enjeu important à ce que ces compétences montent au sein du collectif, dans la société.
On peut donc décider d'expérimenter : Un collectif c'est aussi un groupe en transformation
A méditer :
  • "Etre imparfait permet aux autres de l'être aussi"
  • "Le trac vient avec le talent ! "

et décider de s'améliorer...

Dans un monde qui va vite, on peut travailler ses capacités en plus de ses compétences !
Une compétence demande du temps et pas mal de travail avant d'être acquise, parfois on est un "peu court"...
On peut attendre le héros improbable ou on peut décider de travailler ses capacités (à côté de ses compétences).

Une capacité est beaucoup plus liée à l'action, au geste (s'inscrit dans l'apprentissage selon Piaget : "apprendre par soi-même via l'expérimentation")
Kolb a modélisé l'apprentissage par l'expérimentation.
  1. Expérimentation par l'expérience concrète : je teste pour la première fois une nouvelle manière de faire ou de me comporter
  2. Observation réflexive : je tire de cette expérience une première observation du type : "j'y suis arrivé" ou "ça fonctionne" ou "j'ai obtenu ce résultat" ou...
  3. Raisonnement : je tire de cette observation des enseignements tels que "en faisant ainsi, j'obtiens ce résultat" ou "c'est parce que j'ai fait ainsi que ça a fonctionné"...
  4. Mise en pratique : je réplique l'action de l'expérimentation en l'intégrant à mes capacités standard

Trois qualités à travailler en priorité ?

Un animateur au service d'un collectif peut travailler en priorité sur ces 3 aspects :

La capacité d'écoute :
  • Êtes-vous sûr de savoir écouter ? Est ce que vous interrompez la parole ? Quand quelqu'un parle, vos pensées vagabondent-elles ?
  • percevez-vous les signaux faibles et non verbaux ?
Le travail avec le vide
(c'est dur ;-) : laisser une place pour le vide permet l'expression des idées nouvelles
La gestion de l'imprévu
les choses se passent rarement comme programmées... (logistique, présents, temps...)

Même outil-méthode => même effet

"si tu veux obtenir des résultats que tu n'as jamais obtenus, utilise des méthodes que tu n'as jamais employées" ! Peter Senge
Les outils, les méthodes ne sont pas neutres !
Les outils et méthodes "classiques" ont pour la plupart montré leurs limites dans les processus collectifs, dans les rencontres.
Il est difficile de s'étonner du manque de participation ou de personnes présentes quand nos rencontres sont des copiés-collés de méthodes insatisfaisantes déjà vécues (excepté pour les militants prêts à tout ;-)
Il ne tient qu'à nous d'en changer ! ou à tout le moins d'essayer...
A méditer (mais c'est vite dit je suis d'accord ;-) :
  • "si on continue à faire des trucs chiants, c'est qu'on a peur..."
  • "Un être humain a aussi un cerveau droit, beaucoup moins analytique, qui peut être utilisé ;-)"
  • mais aussi "faire du nouveau juste parce que c'est nouveau... bof..."

Soigner la méthode d'animation, varier les plaisirs

Nous ne sommes plus dépourvus d'outils et de méthodes. Le web en regorge !
Ce réservoir d'outils est à explorer mais aussi à détourner.
A méditer (mais c'est vite dit je suis d'accord ;-) :
  • Le plus gros frein à l'utilisation d'un outil est l'animateur (la technique étant souvent accessible, il reste à oser)
  • Si on fait toujours la même chose, c'est parce qu'on a peur... Si l'animateur ne le fait pas... qui le fera ?
  • Un outil au service d'un projet et pas un projet pour tester un outil (même si on peut jouer un peu, je pense)

Donner le ton , montrer l'exemple

Lorsqu'on souhaite plonger les participants dans un autre type d'animation, pourquoi ne pas le faire dès le début ?
Ce faisant on pose un cadre implicite qui peut (tout) changer grandement la suite de la rencontre (une piste modeste : www.coconstruire.be).
Vous souhaitez que les gens participent ? Faites-les participer dès le début !
Vous souhaitez que les gens prennent part à la logistique ? Ne les faites pas entrer dans une salle toute prête !

On peut, en réfléchissant un peu et en fonction des objectifs de la rencontre, chercher à instaurer dès le début l'ambiance qu'on veut voir perdurer.

Par ailleurs, l'humain est un être mimétique !
  • Vous êtes cool => ils sont cools
  • Vous êtes gentil => ils sont gentils
  • vous êtes bienveillant => ils sont bienveillants
  • vous êtes partageur => ils partagent aussi



Soigner la convivialité des rencontres : ESSENTIEL !

  • prévoir des temps informels
  • prévoir un temps d'accueil + à chaque fois que possible des moments pour que les gens se connaissent mieux
  • un environnement cool

Sept pièges à éviter pour l'animateur

Ceci n'est ni exhaustif, ni définitif...juste une piste à réflexion
  • Ne pas tenir le temps
  • Ne pas réguler les interventions inappropriées
  • Apporter les solutions à la place des participants
  • Manquer d'impartialité
  • Oublier d'aller chercher les avis (de ceux qui parlent pas)
  • Focaliser les tensions sur soi (se retrouver en posture de justification et de débat)
  • Vouloir aller trop vite aux solutions

Dans la mallette de l'animateur

On trouve...

Animer à distance ?

Attention, avant de mettre en place les outils techno, il faut créer la reliance entre les gens. Faute de quoi, on connaît le résultat : des sites magnifiques et des groupes qui dysfonctionnent, une pensée qui s'appauvrit, des espaces collaboratifs peu utilisés.
On passe alors des heures à essayer de faire fonctionner des outils alors que l'on a pas encore commencer à faire se rencontrer nos intentions, nos rêves et nos ombres.

Un déroulé d'animation comme une onde

Préparer l'animation d'une rencontre nécessite de tenir comptes de quelques principes (dans l'idéal)
  • Le modèle du pendule invite à varier les temps de travail (entre phases plus "cool" et phases plus "productives")
  • Le travail en collectif et sous-groupe permet d'alterner phases plus créatives et phases plus productives
  • Les temps de pause (à prévoir) permettent la connexion des participants "hors contexte" (socialisation)
  • Le timing : avec des bénévoles, il est bon de restreindre le temps global de la rencontre (selon les objectifs)

Construire son déroulé en 3 étapes
  • on esquisse les grandes étapes : le fil rouge. La seule contrainte est celle du temps
  • on remplit en laissant libre cours à sa créativité
  • on recale le tout en prenant compte des contraintes (taille du groupe, lieu...)
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Quelques autres principes pour concevoir un déroulé sympa
  • Elaborer le déroule de manière cohérente : un déroulé c'est comme une histoire à raconter, en cohérence avec l'objectif
  • Mobiliser intégralement les participants : rationnel, émotionnel
  • Varier les mouvements dans l'espace : statique, en mouvement, dedans, dehors, différentes disposition de l'espace...
  • Jouer avec la taille et composition du groupe (sans oublier les temps de travail solo)
  • Varier les rythmes : contraindre le temps facilite souvent l'obtention d'un résultat
  • Créer de la surprise (tester du nouveau) mais aussi répéter (pour permettre l'appropriation)
  • Structurer la production : passer par l'écrit => quand une personne écrit, elle se prépare mentalement à la partager et à accepter que l'idée n'est plus sienne mais celle du groupe.
  • Dynamiser les restitutions (formats courts, éviter les redondances, alterner les orateurs, ajouter une touche ludique...)
  • Rester simple : quand on conçoit le déroulé, on se laisse parfois entraîner par ses envies... et on fabrique un déroulé trop complexe, irréaliste
  • Prévoir un plan B : l'imprévu est toujours à la porte ;-)

Créer des boucles de "révision", des rituels

En tant qu'animateur, élaborer une check-list des étapes à surveiller permet d'éviter les oublis et crée chez les participants une habitude, un rituel d'animation apaisant.
On peut penser par exemple :
  • à l'étape d'ouverture (météo, tour de bonnes nouvelles...)
  • à l'étape de pose du cadre (ou revalidation)
  • à l'étape du "quels prochains petits pas et pour qui ?"
  • à l'étape du "est ce qu'on se partage les rôles la prochaine fois ?
  • à l'étape de clôture sur le ressenti de la rencontre / si c'était à refaire ?
  • ...
A chaque collectif ses pratiques adaptées à son contexte
Les outils, les méthodes, les ambiances doivent devenir progressivement les acquis du collectif (à documenter).

BIEN “TIMER” SA RENCONTRE

Comment on sait combien de temps cette activité ou cette discussion va durer ? "
Pour tenter d’y répondre, POWA vous partage ses astuces éprouvées sur le terrain.

🤔 En amont, pour préparer l’atelier :

Le pourquoi avant le comment :

Avant toute chose, on pose les objectifs de l’atelier, voire l’intention principale, afin de pouvoir arbitrer plus facilement avant et pendant l’atelier. Concrètement, si rien ne se passe comme prévu, qu’est-ce que je veux absolument qu’ils et elles vivent/comprennent - à quoi vais-je donner une absolue priorité ?

C’est seulement ensuite qu’on pense aux formats des activités et à leurs durées respectives. Ci-dessous, quelques référentiels non exhaustifs pour définir le timing de chaque séquence :

  • Quand on prévoit un tour de table : on définit une question précise à laquelle on invite les personnes à répondre, puis on compte 1 min par personne par question et on prend un peu de marge en arrondissant au-dessus ou au-dessous - en fonction de ce qu’on connait du public (bavard ou peu loquace ?).
    • Quand on prévoit un échange libre : on décide du temps qu’on souhaite accorder à la séquence, plutôt que tenter de deviner le temps que ça pourrait prendre. Si la discussion s’épuise avant, on gagne du temps pour la suite ou une pause. Et si la discussion prend plus de temps que prévu, on décide en direct entre la couper ou la laisser déborder en réajustant alors la suite. En temps indicatif, on compte un minimum de 2 ou 3 min par personne pour s’assurer qu’il y ait de la place pour chacun·e
  • Quand on prévoit une activité créative : si les personnes doivent créer, seule ou à plusieurs, on joue souvent sur 2 logiques (seules ou ensemble) :
    • La spontanéité : on crée des séquences courtes avec des timings volontairement serrés pour impulser dynamisme et créativité
    • La profondeur : on laisse une durée conséquente (parfois 1/3 de l'atelier) pour que les personnes sentent qu’un véritable temps est sanctuarisé pour l’activité.
  • Quand on prévoit un temps type codéveloppement : Comme ce sont des activités où un petit groupe se met au service d’une personne, on joue beaucoup sur le séquençage pour guider la réflexion : la parole est d’abord à la personne qui sollicite l’aide, puis aux soutiens pour les questions et propositions, etc. Les bonnes questions à se poser pour cadrer chacun des temps : est-ce que je veux que la personne explique en détails ou de manière brève ? est-ce que je veux des échanges exhaustifs ou faire sortir seulement les meilleures idées ? est-ce que je veux un échange qui tend vers l’informel ou qui suit des questions très spécifiques ?
    • Plus le temps est court, plus les personnes doivent prioriser leurs apports et donc partager ce qui paraît le plus important et juste à dire, quitte à frustrer positivement les conversations. Plus le temps est long, plus on tend vers l’informel, ce qui permet de créer de la confiance / connivence ou un partage plus exhaustif, quitte à sortir un peu du cadre de l’exercice. Les deux ont des vertus !

A retenir :

Il est (très) courant de sous-estimer le temps que la réflexion individuelle ou les échanges peuvent prendre, et à vouloir faire beaucoup (trop) et vite. On essaie donc au maximum de simplifier, d’alléger, d’être généreux·se sur les timings pour ne pas brusquer les participant·es, avoir le temps d’aller chercher/inclure les plus en retrait, et gérer les imprévus comme les belles surprises !

🙆 Pendant l’atelier :

On garde en tête les bonnes pratiques de gestion du temps :
  • Annoncer le temps de parole ou de l’activité
  • Prévenir avant que le temps ne touche à sa fin
  • Réguler les premiers à parler pour créer le rythme et la co-responsabilité
  • Désigner un·e responsable du temps
On fait confiance à son intuition, et on ose adapter sur le moment les timings à la réalité du groupe, afin de privilégier la qualité sur la quantité !

👌 Après l’atelier :

On prend le temps de noter ce qu’on a du changer et le temps que chaque séquence a réellement pris, afin de capitaliser sur l'expérience. Plus on documente, plus on est à l’aise à trouver les timings justes !

Ressources : https://www.collectifpowa.org/ (CC BY SA) Merci !!!

Comment choisir la taille du groupe ?
La taille des sous-groupes influence le travail qui y est mené.
  • 2 personnes : qualité d'écoute et cordialité mais peu d'esprit critique
  • 3 personnes : le sous-groupe est productif, c'est rapide et efficace
  • 4 personnes : c'est assurément une bonne taille pour susciter l'émergence de nouvelles perspectives et idées
  • 5 personnes : c'est instable, il y en a toujours un qui n'est pas d'accord : privilégié 4 ou 6 plutôt.
  • 6 personnes : c'est suffisamment grand pour pouvoir attribuer des rôles (secrétaire, gardien temps)...ça permet aussi de couper brièvement en 2 ou 3 sous-groupes
  • 7 personnes : taille bancale
  • 8 personnes : toute dimension d'intimité est perdue. A moins d'avoir un animateur dans le groupe, la qualité des travaux s'avère aléatoire

Comment faire face aux perturbations ?
La posture de l'animateur face aux phénomènes de résistance est essentielle. La pire stratégie consiste à s'opposer au groupe ou aux individus qui résistent en les forçant à suivre telle ou telle consigne. Les effets boomerang peuvent être violents. Devant une résistance collective, le plus sage consiste à prendre en compte la résistance et à adapter son déroulé en conséquence.
Devant une résistance individuelle, on peut recadrer via :
  • le registre non verbal (un regard, un geste)
  • le registre paraverbal : variations d'intonation ou de volume
  • le registre verbal : questionner le sens de l'intervention, invoquer le timing, reformuler et redonner la parole au groupe
  • le registre des outils : rappeler le cadre, utiliser " la mise au frigo" (j'ai entendu, je note et on traite plus tard)