Instructions : Lisez ces lignes et déposez vos interrogations, vos remarques dans le framateam / canal covid

La compostabilité : pour qui ?

Si vous avez continué votre lecture jusqu'ici, c'est déjà qu'elle est certainement pour vous ! En effet, rien de ce qui a été dit ne s'applique ici au modèle d'organisation dominant qui permet à une oeuvre artistique, à un vaccin, ou à une connaissance de manière générale de n'appartenir qu'à quelques-uns ; rien ne s'applique à ce monde qui empêche les individus d'exister au-delà d'eux même.

image Capture_decran_20200310_a_124839.png (0.1MB)

Les utopistes, certifiés 100 % compostable

La notion de compostabilité et sa mise en oeuvre repose avant tout sur la coopération entre humains, dont le seul pré-requis est le partage sincère des richesses. Que l'on entende richesse sous son prisme économique ou sous celui des connaissances, nous constatons que le partage n'est pas l'usage dominant. La compostabilité s'adresse donc nécessairement à ceux qui visent un monde autre qu'il n'est, qui souhaitent innover plus efficacement à l'échelle mondiale et qui caressent l'envie de vivre en humanité.

La compostabilité n'impose pas à tous cette vision, mais elle nous invite à pratiquer nos ambitions de partage de manière contaminante. Aussi plutôt que de lister ici d'autres arguments en faveurs du partage, revendiquons cette utopie à travers les mots d'Henri Lefebvre (cf L"empire de la honte, Jean Ziegler) :

« Ceux qui pensent arrêter leur regard sur l'horizon et se bornent à regarder ce qu'on voit, ceux qui revendiquent le pragmatisme et tentent de faire seulement avec ce qu'on a, n'ont aucune chance de changer le monde... Seuls ceux qui regardent vers ce qu'on ne voit pas, ceux qui regardent au-delà de l'horizon sont réalistes. Ceux-là ont une chance de changer le monde... L'utopie c'est ce qui est au-delà de l'horizon... Notre raison analytique sait avec précision ce que nous ne voulons pas, ce qu'il faut absolument changer... Mais ce qui doit venir, ce que nous voulons, le monde totalement autre, nouveau, seul notre regard intérieur, seule l'utopie en nous, nous le montrent. »

Devenir composteur, ça s'apprend

Travailler à la compostabilité nécessite un certain état d'esprit utopiste, mais aussi de fortes capacités à coopérer, à construire des solutions avec d'autres. Le monde compostable, vivant, celui totalement autre, personne n'en porte seul la vision ; c'est l'agrégation des richesses de chacun qui le rendra possible. En effet, partout où il est question de compostabilité, il y a interdépendance et donc interaction avec d'autres humains, ce qui rend nécessaire des compétences sociales à la collaboration.

La thèse de Elzbieta SANOJCA « Les compétences collaboratives et leur développement en formation d'adultes » , publiée en février 2018, nous fournit une base précieuse en faisant un état des lieux étayé des compétences nécessaires pour collaborer sincèrement. On peut y relever en pré-requis un certain nombre de "compétences pivots" nécessaires à qui souhaite développer des "compétences collaboratives".

Les compétences pivots, au nombre de trois, sont nécessaires à qui souhaite développer des compétences collaboratives :
  • Avoir l'esprit collaboratif : disposer d'un à priori positif quant à la coopération et avoir conscience de son interdépendance vis à vis des autres marque une prédisposition à entrer dans la coopération;
  • Co-concevoir la structure du projet : une architecture de projet co-construite renforce l'engagement et la motivation mutuelle des parties impliquées;
  • Avoir un souci du bien commun : indique la maturité du groupe à coopérer et consolide l'engagement à long terme dans les projets.
Les attitudes collaboratives découlant de ces compétences-pivots, elles nécessitent individuellement une maîtrise de ses besoins de reconnaissance et de ses peurs, et à un niveau interpersonnel un regard positif et bienveillant sur ce que l'autre peut apporter.

La détention de ces compétences n'est pas un pré-requis à la compostabilité : chacun peut mener des projets allant dans ce sens sans en disposer ; mais ces compétences collaboratives constituent un guide, un horizon à atteindre pour y être plus efficace. Pour travailler ces compétences, des formations existent : elles permettent d'apprendre à impulser des pratiques collaboratives dans les groupes (présence et distance), afin de s'en faire les passeurs et infuser ces compétences chez chaque personne impliquée dans un projet collectif;

C'est là le premier pilier de la compostabilité : être en capacité individuelle et collective à agir ensemble en présence, à distance et au delà de toute frontière culturelle.

Crédits généraux, Licence
Contenu placé sous licence CC by SA, modifié par Gatien Bataille
Contenus agrégés par Romain Lalande sur la base d'un récit-concept de Laurent Marseault, agrémenté d'échanges fertiles au sein du réseau francophone des Communs, de VECAM et de Remix the Commons.