Bibliothèque communale de Leuze-en-Hainaut:LaRencontre

{"bf_titre":"LA RENCONTRE","bf_description":"LA RENCONTRE<\/span><\/b><\/span><\/b><\/p> <\/span><\/p> <\/span><\/p>Un g\u00e9ant est tomb\u00e9. Sous le choc, la dune s\u2019est effondr\u00e9e et\r\nl\u2019animal en dessine un nouveau contour Apr\u00e8s\r\nun ultime combat, la cr\u00e9ature s\u2019est couch\u00e9e sur le flanc. Sa t\u00eate, l\u00e9g\u00e8rement relev\u00e9e, a touch\u00e9 le sol\r\nl\u00e0 o\u00f9 la terre et le sable se confondent. \r\nSa peau, sa chair ont disparu depuis longtemps d\u00e9j\u00e0. Ne subsiste qu\u2019une colonne vert\u00e9brale d\u2019o\u00f9\r\n\u00e9mergent de petites excroissances semblables \u00e0 des pyramides. Les pattes gigantesques, repli\u00e9es sous le\r\ncorps immense, t\u00e9moignent du terrible drame qui s\u2019est d\u00e9roul\u00e9 l\u00e0, il y a des mill\u00e9naires. Des \u00eatres-branches squelettiques s\u2019en\r\nrepaissent, tandis que d\u2019autres veillent sur la d\u00e9pouille de l\u2019anc\u00eatre. L\u2019adversaire devait \u00eatre f\u00e9roce et bien plus\r\ngrand encore que ce g\u00e9ant que vient d\u2019esquisser Paul. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Une sc\u00e8ne qui le hante chaque\r\nnuit. Pour l\u2019extraire de sa t\u00eate, il\r\ns\u2019est r\u00e9sign\u00e9 \u00e0 la reproduire sur ce mur, s\u2019est d\u00e9fendu d\u2019y apposer d\u2019autres\r\nteintes que celles du d\u00e9sespoir. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Ses pinceaux se sont activ\u00e9s plus vite\r\nque ses mains. Pantin d\u00e9sarticul\u00e9, parcouru\r\nde soubresauts, son corps s\u2019est agit\u00e9 dans tous les sens. Au bout d\u2019une heure \u00e0 peine, il \u00e9tait\r\n\u00e9puis\u00e9. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Paul, la trentaine, visage et lunettes\r\ncarr\u00e9s, front d\u00e9garni, cheveux courts et fonc\u00e9s, d\u00e9nud\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 la ceinture, porte\r\nune cigarette \u00e0 la bouche, et tient, dans sa main gauche, un briquet allum\u00e9.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Aucune ride, aucun sillon ne creuse\r\nson visage. Aucune \u00e9motion n\u2019y transparait.<\/span><\/b> Il est de ceux qu\u2019on l\u2019on \u00e9vite par peur ou\r\npar m\u00e9pris, tant leur aspect, leur allure, leur d\u00e9gaine d\u00e9rangent, mettent mal\r\n\u00e0 l\u2019aise. Est-il chercheur, savant, un\r\n\u00eatre enferm\u00e9 dans sa bulle, un ange d\u00e9chu ou encore\u2026 un dangereux psychopathe ? Je l\u2019ignore. \r\nSeul le regard per\u00e7ant et dur t\u00e9moigne d\u2019une vie chez cet homme. Il se d\u00e9lecte de son \u0153uvre, de ce paysage\r\nravag\u00e9.<\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Il me suffirait d\u2019y mettre le feu pour lui\r\nredonner vie, se dit-il.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Le feu, il l\u2019aime. Il s\u2019imagine enflammer l\u2019\u0153uvre et y voir\r\nappara\u00eetre un attelage de 4 chevaux s\u2019emballant pour lui \u00e9chapper, pour fuir ce\r\nciel laiteux, ce sol ocre et verd\u00e2tre. \r\nDans leur course effr\u00e9n\u00e9e, les montures se sont d\u00e9barrass\u00e9es de leur\r\ncharretier, de leur ma\u00eetre. Elles ne\r\nma\u00eetrisent plus rien. Elles sont \u00e0 sa\r\nmerci.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Un claquement de pieds\u2026 Paul sursaute. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Une fillette, v\u00eatue de rose, de hauts\r\nbas blancs, de chaussures noires, attire son attention. Elle porte au bras un petit sac \u00e0 main. \u00ab L\u2019innocence \u00e0 l\u2019\u00e9tat pur \u00bb, se\r\ndit-il, le sourire aux l\u00e8vres. Des\r\nrayons de soleil se refl\u00e8tent dans ses yeux, en durcissent l\u2019\u00e9clat. Elle lui\r\ntourne le dos mais elle est proche de lui, si proche qu\u2019il l'atteindrait juste\r\nen bougeant la main. <\/span><\/p> <\/span><\/p>\u00ab Une enfant de 7 ou 8 ans. A peine plus \u00e2g\u00e9e que moi lorsque je fus\r\n\u00ab livr\u00e9 \u00bb aux soldats \u00bb.<\/span><\/p> <\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Prenez mon\r\nfils ! S\u2019il vous plait, prenez mon\r\nfils !<\/span><\/i><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Plus de\r\nplace, madame, plus de place.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Dans\r\nun vacarme assourdissant, Paul est propuls\u00e9 dans les airs. Sa m\u00e8re l\u2019a jet\u00e9 dans les bras d\u2019un homme en\r\nuniforme, avant de prendre la fuite. \r\nD\u00e9concert\u00e9, le militaire n\u2019a d\u2019autre choix que de l\u2019asseoir dans le\r\ncamion, au milieu d\u2019autres gamins. Ils\r\nsont des dizaines \u00e0 avoir \u00e9t\u00e9 confi\u00e9s par leurs parents aux mains d\u2019inconnus\r\net, tous, hurlent, pleurent bruyamment.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Une\r\nsir\u00e8ne retentit.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>-\r\nD\u00e9marre, d\u00e9marre, \u00e7a va bombarder.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Le\r\ncamion roule vite, zigzague entre les tirs de roquettes. La b\u00e2che arri\u00e8re est lev\u00e9e, imprimant dans la\r\nm\u00e9moire des petits la vision de maisons d\u00e9truites, de villages d\u00e9vast\u00e9s, de\r\nrues grouillant d\u2019adultes courant dans tous les sens pour se mettre \u00e0 l\u2019abri. <\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Un\r\nlong et p\u00e9nible p\u00e9riple commence pour eux, pour lui. Loin de chez eux, loin de chez lui.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Le\r\nvoyage en avion se d\u00e9roule sans encombre. \r\nIls atterrissent sur un sol \u00e9tranger. \r\nLes yeux hagards, \u00e9carquill\u00e9s, apeur\u00e9s, on les aligne. Les filles \u00e0 gauche, les gar\u00e7ons \u00e0\r\ndroite. En files indiennes, ils rejoignent\r\ndes dortoirs o\u00f9 un lit leur est affect\u00e9. \r\nOn les m\u00e8ne \u00e0 la douche. On leur\r\n\u00f4te leurs v\u00eatements. On leur en donne d\u2019autres,\r\nparfois trop courts, parfois trop grands.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Impossible\r\nde dormir, les nuits sont longues, entrecoup\u00e9es par les pleurs des enfants r\u00e9clamant\r\nleur papa, leur maman. <\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Chaque\r\njour, le destin favorise cependant d\u2019heureuses retrouvailles. Apr\u00e8s Manuel, Isabella, et tant d\u2019autres,\r\nc\u2019est aujourd\u2019hui LE grand jour pour Carlo, son ami. Il est blotti, l\u00e0, sous ses yeux, dans les\r\nbras de ses parents.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Paul\r\nne reverra jamais les siens. Pas de grand jour pour lui. Ballot\u00e9\r\nde famille d\u2019accueil en famille d\u2019accueil, il grandit solitaire, sans attaches,\r\nsans espoirs ; l\u2019attente les a balay\u00e9s.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Parvenu\r\n\u00e0 l\u2019\u00e2ge adulte, ayant h\u00e9rit\u00e9 de son p\u00e8re un don pour la peinture, il se met\r\ntout d\u2019abord \u00e0 dessiner et puis \u00e0 peindre. \r\n<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>L\u2019absence\r\nde sa m\u00e8re garde b\u00e9ante une plaie dans son c\u0153ur. Par peur de l\u2019oublier, il se la rem\u00e9more\r\nencore et encore. Son visage s\u2019est dilu\u00e9\r\ndans sa m\u00e9moire. Il s\u2019est \u00e9vapor\u00e9. Il l\u2019\u00e9bauche sous les traits d\u2019une nymphe,\r\n\u00e9mergeant d\u2019un mur recouvert de lierre. \r\nCette f\u00e9e, sa f\u00e9e a le pouvoir de lire dans le c\u0153ur des \u00eatres, d\u2019en\r\nd\u00e9tecter non seulement les c\u00f4t\u00e9s obscurs mais \u00e9galement le bien qui s\u2019y cache. La femme-lierre se fond dans un mur feuillu,\r\nn\u2019est visible que pour lui. Elle\r\nn\u2019appartient qu\u2019\u00e0 lui.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Ses\r\ntableaux lui rapportent \u00e0 peine de quoi subsister. <\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Cr\u00e8ve-la-faim,\r\nil ne peint cependant pas que pour vivre, ne dessine pas que pour\r\nsurvivre. Ses \u0153uvres l\u2019exorcisent, donnent\r\nun sens \u00e0 sa vie, lui rappellent qui il est et d\u2019o\u00f9 il vient, lui gardent la\r\nm\u00e9moire de ce qu\u2019il a perdu, de ce dont il a manqu\u00e9. Elles sont lui jusqu\u2019au plus profond de son\r\n\u00eatre, lui conf\u00e8rent une identit\u00e9.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>Un\r\njour, une dame gloussa : \u00ab La douleur dans vos \u0153uvres est si \u2026 r\u00e9elle. C\u2019est sublime ! \u00ab M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E \u00bb ! Je la veux. \r\nJe vous la prends \u00bb.<\/span><\/i><\/p> <\/span><\/i><\/p>La\r\ndouleur, SA<\/u><\/b> douleur\u2026 sublime ? Magnifique ? Paul eut un haut-le-c\u0153ur. L\u2019acqu\u00e9reuse\r\npotentielle ne comprit pas ce qui lui arrivait. \r\nFurieux, fou de rage et de d\u00e9sespoir, Paul d\u00e9truisit la toile en y\r\nmettant le feu. <\/span><\/i><\/p> <\/span><\/p> <\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Bonjour, dit Paul.<\/span><\/p> <\/span><\/p>La petite fille ne bouge pas. Durant un long moment, Paul l\u2019observe,\r\nremarque qu\u2019elle est fascin\u00e9e par une libellule noire au corps rouge, pos\u00e9e en\r\noblique sur une tige de roseau. L\u2019animal\r\nd\u00e9vore une gu\u00eape. Absorb\u00e9e par la sc\u00e8ne, elle ignore l\u2019homme qui\r\nse tient si pr\u00e8s d\u2019elle. <\/span><\/p> <\/span><\/p>L\u2019avenue du Port est vide en ce matin\r\nde printemps, vide \u00e0 l\u2019exception de Paul, de la gamine et d\u2019un ivrogne allong\u00e9\r\nsur un transat \u00e0 rayures. Sept transats\r\nidentiques, dispos\u00e9s c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te sur l\u2019autre versant de la rue. Paul les passe en revue chaque soir : un,\r\ndeux, trois, quatre, cinq, six, sept. Le\r\ncompte y est. Le troisi\u00e8me est\r\npr\u00e9sentement occup\u00e9 par un homme. Un homme ? Non. \r\nUne \u00e9pave.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Insomniaque, toutes les nuits, Paul\r\nerre sur la plage, arpente la cit\u00e9. Cette\r\nnuit, apercevant une forme humaine titubant et grelottant, il s\u2019en \u00e9tait approch\u00e9,\r\navait tout <\/span>de suite rep\u00e9r\u00e9 les effluves\r\nd\u2019alcool. Se d\u00e9nudant jusqu\u2019\u00e0 la taille,\r\nil avait allong\u00e9 le mis\u00e9rable sur le si\u00e8ge central, l\u2019avait recouvert de sa\r\nchemise, de son pull et de sa veste, se retrouvant, lui, \u00e0 moiti\u00e9 nu.<\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Bonjour \u00bb, dit Paul. <\/span><\/p> <\/span><\/p>La fillette ne r\u00e9agit pas. <\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Bonjour, r\u00e9p\u00e8te-t-il. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Elle daigne enfin tourner la t\u00eate vers\r\nlui, lui sourit.<\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Tu as vu ? La b\u00eate a mang\u00e9 la bestiole. Elle avait tr\u00e8s faim. Elle n\u2019a rien laiss\u00e9.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Oui, elle devait \u00eatre affam\u00e9e. Comment t appelles-tu ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Alice. \r\nEt toi ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Paul. <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Pourquoi tu es tout nu ?<\/span><\/p> <\/span><\/p>A son tour, Paul ne r\u00e9pond pas. Il lui prend la main. Elle est chaude. Sa chaleur active le sang dans ses\r\nveines. Il est vivant ! <\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Aimerais-tu voir un ch\u00e2teau ?, lui\r\ndemande-t-il.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Un ch\u00e2teau ? O\u00f9 \u00e7a ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Regarde l\u00e0 bas. Tu vois ces murs ? Si nous les franchissons, tu d\u00e9couvriras des\r\ntr\u00e9sors et tous tes v\u0153ux se r\u00e9aliseront.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Des \u00e9toiles scintillent dans les yeux\r\nd\u2019Alice. \u00ab Le premier qui arrive a\r\ngagn\u00e9 \u00bb, s\u2019\u00e9crie-t-elle tout en s\u2019\u00e9lan\u00e7ant pour prendre de l\u2019avance.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Ces paroles enfantines atteignent Paul\r\nen plein c\u0153ur, d\u00e9clenchent en lui une envie de vivre telle qu\u2019il abandonne sur\r\nplace tout ce \u00e0 quoi il tient depuis pr\u00e8s de 20 ann\u00e9es : toiles, fusains,\r\npastels, peintures, pinceaux jonchent le sol, abandonn\u00e9s aux dunes sombres, aux\r\ntransats, \u00e0 l\u2019ivrogne. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Un bonheur inou\u00ef s\u2019est immisc\u00e9 dans\r\nson c\u0153ur. Le soleil \u00e9claire une petite\r\nbarri\u00e8re en bois blanc, au-del\u00e0 de laquelle Alice et Paul aper\u00e7oivent un domaine\r\nvers lequel ils se dirigent.<\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Des ruines ! Ce ne sont que des ruines !, se lamente\r\nAlice, d\u00e9\u00e7ue en constatant qu\u2019il n\u2019y a ni ch\u00e2teau, ni tr\u00e9sor. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Attir\u00e9e par les cris de l\u2019enfant, une\r\nfemme, rev\u00eatue de noir et \u00e0 la tenue provocante, interpelle Paul. \u00ab H\u00e9 bien ! On cherche de la compagnie ? Un endroit calme et isol\u00e9 o\u00f9 assouvir ses\r\nplus bas instincts, mon beau monsieur ? \r\nVous l\u2019avez trouv\u00e9 \u00bb, dit-elle en ricanant.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Paul d\u00e9cide de rebrousser chemin. \u00ab Viens, ce n\u2019est pas un endroit pour\r\ntoi.<\/b> Je me suis tromp\u00e9. Il n\u2019y a pas de ch\u00e2teau. Tu as raison, ce ne sont que des\r\nruines \u00bb. Bien d\u00e9cid\u00e9 \u00e0 veiller sur\r\nelle, il saisit Alice par le bras. Elle\r\na confiance en lui. C\u2019est la premi\u00e8re fois\r\nque quelqu\u2019un lui accorde sa confiance, ne le juge pas, n\u2019est pas effray\u00e9 en sa\r\npr\u00e9sence. La premi\u00e8re fois aussi que quelqu\u2019un\r\nlui adresse la parole, depuis des mois. <\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Partons d\u00e9couvrir la ville. Tu veux bien ? Tu y verras des maisons qui s\u2019\u00e9l\u00e8vent\r\njusqu\u2019au ciel, si hautes qu\u2019en y montant, tu pourras toucher les nuages.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Et peut-\u00eatre m\u00eame la lune ?, demanda\r\nAlice Elle riait. Je prendrai mon skate-board, et nous n\u2019aurons\r\npas besoin de fus\u00e9e. Il suffira que tu\r\nnous \u00e9lances tr\u00e8s fort.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Oui, dit Paul que la petite apaisait. Nous pourrons l\u2019atteindre et tu apercevras\r\nalors la terre \u00e0 partir de l\u2019univers. \r\nSais-tu, qu\u2019autrefois, on l\u2019\u2019appelait la \u00ab plan\u00e8te bleue \u00bb,\r\nmais, qu\u2019aujourd\u2019hui, elle est devenue verte ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Verte ?, dit Alice. Verte comme une for\u00eat ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Oui, verte comme une for\u00eat mais une for\u00eat en\r\npartie ass\u00e9ch\u00e9e, jaunie, br\u00fbl\u00e9e, grill\u00e9e dans laquelle la rouille a laiss\u00e9 des\r\ntraces.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Des traces ?, demande Alice. De quelles traces parles-tu ?<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Imagine une for\u00eat dans laquelle on a\r\nabandonn\u00e9 tout ce dont on ne veut plus, tout ce dont on veut se\r\nd\u00e9barrasser. Une carcasse de voiture,\r\npar exemple. La for\u00eat ne peut tout\r\nengloutir, tout dig\u00e9rer Cette carcasse,\r\nces d\u00e9chets ont souill\u00e9 notre for\u00eat. \r\nElle est pollu\u00e9e. Elle se meurt.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>C\u2019est triste, dit Alice.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Tr\u00e8s triste, lui r\u00e9pondit Paul. Mais, si tu m\u2019aides, \u00e0 nous deux, nous\r\npouvons la sauver !<\/span><\/p> <\/span><\/p>Ils \u00e9chang\u00e8rent un regard complice, heureux,\r\nplein de promesses. <\/span><\/p> <\/span><\/p>Puis leurs sourires s\u2019\u00e9vanouirent. Au loin retentissaient des sir\u00e8nes. Des chiens aboyaient.<\/span><\/p> <\/span><\/p>\u00ab Je l\u2019ai retrouv\u00e9e ! Elle est vivante ! \u00bb, crie un\r\npolicier.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Des hommes accourent vers eux. Les rejoignent.<\/span><\/p> <\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Promets-moi de ne jamais m\u2019oublier, dit Paul.<\/span><\/p>- \r\n<\/span><\/span>Je te le promets. Croix de bois, crois de fer, si je mens, je\r\nvais en enfer.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Paul sourit car il savait qu\u2019elle\r\ndisait vrai.<\/span><\/p> <\/span><\/p>Paul est heureux. A d\u00e9faut de savoir o\u00f9 on l\u2019emm\u00e8ne, il sait\r\nmaintenant qui il est ; Il est\r\nl\u2019ami d\u2019Alice. Il n\u2019est plus seul. Ne sera plus jamais seul. Cette nuit, le sommeil le prendra. Il en est persuad\u00e9. Il rejoindra alors Alice dans ses r\u00eaves et\r\nconstruira avec elle ce monde id\u00e9al qu\u2019ils ont \u00e0 peine eu le temps d\u2019\u00e9voquer.<\/span><\/p> <\/span><\/p> <\/span><\/p>\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n\r\n<\/p> Viviane\r\nFranqu\u00e9<\/span><\/p>","bf_auteur":"Viviane Franqu\u00e9","bf_site_internet":,"data-imagebf_image":,"filename-imagebf_image":,"id_typeannonce":"5","id_fiche":"LaRencontre","createur":"Anonyme","date_creation_fiche":"2022-09-10 11:49:45","statut_fiche":"1","fichierfichierstage":,"date_maj_fiche":"2022-09-10 11:49:45"}